Un petit billet pour revenir sur une vidéo, très instructive, mise en ligne mi-Novembre 2011, qu'on ma recommandé de voir, malgré que l'ayant boudé à cause de son titre "rebutant" (comme quoi le bouche-à-oreille sert encore, merci Wahwah) : Fucking Kassovitz - le making of de Babylon A.D.

Pour ceux qui ne le sauraient pas, Babylon A.D. est un blockbuster franco-américain "de Mathieu Kassovitz", sorti en 2008, qui s'était révélé largement en dessous des attentes des spectateurs (d'où le désintérêt pour cette vidéo, au premier abord).

Ce making of avait cependant fait un peu de bruit, puisque publié de manière officieuse par Kassovitz lui-même, tandis que le studio de production américain aurait interdit sa publication ; et pour cause : ce qu'on y voit est loin d'être tout rose, à des kilomètres de ce qu'on voit habituellement dans ce genre de documentaire. Si vous vous demandez pourquoi le film n'était pas si bon, ou si vous êtes simplement curieux de voir ce à quoi peut ressembler un tournage chaotique, réservez-vous une petite heure et regardez ce qui suit :

FUCKING KASSOVITZ par MathieuKassovitz

Plus qu'une mise en lumière d'un tournage qui a mal tourné, à la manière peut-être (pas vu) de Lost in La Mancha (making of d'un film qui, lui, n'a jamais vu le jour), ou qu'une tentative de justification et de se faire plaindre (pas trop le genre du bonhomme, et pas l'impression que j'en ai retirée), cette vidéo exutoire et sans concession montre avant tout la vérité derrière les belles images (en soit, l'affiche du film est d'ailleurs une belle publicité mensongère) et les belles paroles, et tend à expliquer simplement pourquoi le film n'a pas été à la hauteur, et paraît si bancal.

...

Il en ressort clairement un problème de "choc des cultures", entre deux écoles aux antipodes, en terme de mise en scène, et de façon de travailler, avec d'un côté l'école du feeling, souple et "familiale", et de l'autre celle archi balisée de la machine infernale américaine, sans compter le nombre incroyable de tuiles rencontrées à côté. Kassowitz a peut-être mal considéré l'ampleur du projet (trop fait confiance, notamment à des producteurs qui ne donnent pas l'impression de croire en celui-ci), et les contraintes liées au fait de travailler avec des gens qui ne savent pas "se torcher le cul tout seul", adeptes en prime d'une hypocrisie manifeste.

Nul doute que chacun a ses raisons et ses tords (on ne peut pas reprocher, par exemple, à Vin Diesel de remettre en question un script trop succinct, mais il aurait pu en parler dès le premier jour de tournage, plutôt que sombrer dans la mauvaise volonté dés le second), cependant quand on voit l'état d'esprit de personnes comme l'excellent Alain Figlarz, ou la sublime Michelle Yeoh (qui semble s'accommoder sans problème des méthodes du réalisateur français, elle), on se dit que c'est un sacré gâchis, et que c'est vraiment triste...

Nombreux sont ceux, sur internet, qui critiquent la démarche de Kassovitz (concernant ce making of), arguant qu'il était le premier à s'enflammer sur la promo du film (d'où une certaine déception pour les spectateurs), mais il ne faut pas oublier qu'il avait des billes dedans, donc même si le film est un échec à titre personnel, il n'allait pas le couler davantage, surtout que le résultat n'était pas non plus bon à jeter.
C'est d'autant plus courageux et honnête de sa part (ça devait le ronger, il fallait que ça sorte), car il aurait pu s'enfoncer et défendre un film qui n'est simplement pas "lui".

Merci en tout cas, c'était pour le moins instructif !